Billet

[COP21] 3 questions à Pierre Galio #économiecirculaire #déchets

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat.

Ce mois-ci, Pierre Galio répond à 3 questions sur « la consommation responsable»

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(c) ADEME
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Question 1 : Quels impacts notre consommation peut-elle avoir sur le climat ?

Il est d’abord nécessaire de préciser que l’on entend ici la consommation comme l’ensemble des biens (produits et services) de consommation dont l’utilisation peut être durable (meubles, automobile, électroménager…), semi-durables (textiles, jouets, vaisselle…) ou non durables (produits alimentaires).

De manière générale, l’impact sur le climat de notre  consommation est peu connu. La raison en est simple : d’une part la comptabilisation internationale se base sur les émissions réalisées sur le territoire et non sur l’empreinte carbone réelle. Or, la plupart des produits d’équipements courants (télévision, ordinateurs, vêtements…) sont importés et sont fortement émetteurs de CO2, notamment durant la phase de fabrication. L’empreinte carbone réelle par Français est de 10,5 tonnes de CO2 en 2012, en légère baisse depuis 20 ans – mais les émissions associées aux importations ont augmenté de 50% entre 1990 et 2012, et représentent désormais la moitié de l’empreinte carbone de la consommation de la France !

D’autre part, on constate un manque de données sur les bilans gaz à effet de serre de ces équipements, sur l’ensemble de leur cycle de vie. Il est donc nécessaire de parfaire les connaissances sur les impacts environnementaux des biens de consommation de notre quotidien et d’assurer leur diffusion. Les travaux sur l’affichage environnemental sont en cela fondamentaux.

Il est enfin important de noter que les impacts environnementaux liés à la consommation dépassent largement la problématique « carbone » : épuisement des matières premières, production de déchets, pollution des eaux et des sols…

Question 2 : Que peuvent faire les consommateurs pour réduire leurs impacts ?

Beaucoup ! Bien entendu, l’objectif de réduire l’impact « carbone » de notre consommation doit être partagé par l’ensemble des acteurs de la chaîne offre/demande.

Au niveau du consommateur, la première question porte sur la définition de son « besoin », réel ou supposé, et des réponses qu’il souhaite y apporter via l’acte d’achat. De manière générale, le rapport à la propriété des objets et leur besoin d’accumulation doit nous interroger.

Lorsqu’il est acté, ce dernier doit s’appuyer sur 3 idées principales : acheter un produit durable dans le temps (ce qui implique souvent de qualité et qui évite les effets de mode), dont l’usage est faiblement consommateur de ressources en phase d’usage  (énergie, eau…), facilement réparable et qui en fin de vie sera facilement valorisable (réemploi, réutilisation ou démontage pour recyclage des matériaux le composant).

En particulier, le choix de produits portant l’écolabel européen permet de s’assurer que les produits concernés ont, dans leur gamme, des impacts environnementaux (et donc carbone) minimum sur l’ensemble de leur cycle de vie.

Question 3 : Comment réduire le gaspillage alimentaire que l’on soit un particulier, une collectivité ou une entreprise ?

Comme toujours, la mise en œuvre d’une démarche de progrès repose sur un bon diagnostic de départ…. En commençant par reconnaître que sur l’ensemble de la chaîne alimentaire (producteurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, consommateurs) tout le monde gaspille ! Cette démarche débute par la réalisation d’un « état zéro » qui permet de prendre connaissance des pertes (mesure via pesées) et des pratiques.

Ce dernier permet d’élaborer un plan d’actions généralement peu coûteux  en investissement matériel mais structurant en terme d’évolution des comportements. Pour les ménages, ils porteront sur des achats correspondant aux besoins, le juste dosage des repas, l’utilisation des restes, la bonne gestion des dates de péremption…

Pour les professionnels, chaque diagnostic posera les actions les plus pertinentes. Il est tout de même important de noter que les coûts du gaspillage alimentaire sont très importants et que sa réduction engendre systématiquement des gains financiers et une rentabilité immédiate de la démarche.

Par ailleurs, cette dernière permet d’amorcer des réflexions sur les achats (amélioration de la qualité des produits achetés via le gain économique réalisé sur le gaspillage), l’implication des équipes, les liens avec les acteurs locaux (agriculteurs, collectivités, fournisseurs…).

Pierre GALIO, chef du Service Consommation et Prévention à la Direction Economie Circulaire et Déchets (DECD) de l’ADEME depuis 2014. Il était auparavant Chef du Service Planification et Observation des Déchets à la Direction Consommation Durable et Déchets.

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