Billet

Impacts et enjeux économiques de la transition énergétique

 

L’ADEME rend public ce jour ses travaux d’évaluation de l’impact macro-économique de la transition énergétique et ses réflexions sur son financement, tant en termes d’investissement que d’orientation des flux.

Nouvelle évaluation macro-économique des Visions 2030-2050[1]

L’ADEME a conduit récemment une nouvelle évaluation de l’impact macro-économique de ses Visions 2030-2050[2] avec un mix de production électrique en 2050 faisant l’objet de trois variantes à haute pénétration d’énergies renouvelables (EnR). Ces trois variantes sont comparées à un scénario de référence tendanciel.

Les résultats de cette évaluation montrent que la mise en œuvre d’un scénario de transition énergétique ambitieux devrait avoir un effet positif sur la croissance et l’emploi tout en augmentant le revenu disponible des ménages (net de leur facture énergétique et de la charge de la dette des investissements d’efficacité énergétique).

Il est à noter que dans ces travaux, la propension à importer des investissements a été considérée comme stable sur la période 2016 – 2050, l’essor éventuel d’une filière de production française n’a donc pas été pris en compte. L’émergence de leaders et/ou de filières de production française, qui pourrait être favorisée par des soutiens à l’innovation, viendrait ainsi encore renforcer les effets bénéfiques de la transition énergétique sur le déficit de la balance commerciale et les créations d’emplois.
 

Financement de la transition énergétique

Les scénarios de transition énergétique supposent un surcroît d’investissement par rapport au tendanciel : il représente dans cette nouvelle évaluation une augmentation moyenne de 7 à 9% de la formation brute de capital fixe (FBCF)[3] sur la période 2016-2050.

La réalisation de ces scénarios, porteurs de plus de croissance et d’emploi, nécessite donc d’orienter et d’augmenter les flux de financement vers des investissements compatibles avec les objectifs de transition énergétique. 3 leviers ont été identifiés :

1/ Instaurer une taxe carbone

La réorientation des flux financiers viendra prioritairement de la mise en œuvre d’outils de politique publique favorisant directement le développement de projets de transition énergétique, comme par exemple l’instauration d’une taxe carbone ou d’une fiscalité forte sur l’énergie.

2/ Faciliter les modalités de financement des investissements de transition énergétique pour les particuliers

Il existe un enjeu fort d’accroissement de recours au crédit par les particuliers pour les travaux de rénovation énergétique.

Le développement d’un « service intégré de la rénovation énergétique » devrait contribuer à l’augmentation du recours au crédit par les particuliers.

3/ Réorienter les stratégies d’investissement des institutions financières et des entreprises en fonction des risques et objectifs climatiques

Inciter les  institutions financières et les entreprises à mieux prendre en compte les risques et les objectifs climatiques dans leurs décisions d’investissement constitue un levier. Il s’agit notamment de faire évoluer la réglementation comptable[4] et le cadre de reporting des acteurs financiers.

A ce titre, les dispositions de l’article 173 de la LTECV[5] marquent une avancée inédite dans le monde, en rendant obligatoire la publication par les investisseurs institutionnels français et les entreprises cotées d’informations rarement communiquées[6] et la réalisation de tests de résistance (« stress tests ») sur « l’exposition au risque climatique ».
 

[1] Contribution de l’ADEME à l’élaboration des Visions énergétiques 2030-2050 permettant d’atteindre l’objectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990, http://www.ademe.fr/contribution-lademe-a-lelaboration-visions-energetiques-2030-2050
[2] Contribution de l’ADEME à l’élaboration des Visions énergétiques 2030-2050 permettant d’atteindre l’objectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990, http://www.ademe.fr/contribution-lademe-a-lelaboration-visions-energetiques-2030-2050
[3] La formation brute de capital fixe est le montant des investissements globaux nécessaires à la fois au renouvellement et à la variation du stock de capital.
[4] Les conventions comptables influencent la gestion et la perception des risques financiers. En ce qui concerne la finance  climat, il est essentiel que  les normes comptables n’aboutissent pas à survaloriser la rentabilité à court terme par rapport à  celle de long terme.
[5] Mise en application dès l’exercice 2016.
[6] A l’exception de ceux qui ont rejoint les « pledges » volontaires comme l’engagement de Montréal, qui impose la publication de l’empreinte carbone des portefeuilles.

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